Dans les entrailles de la terre : Les Lavatubes
- Alaïs Pénasson
- 24 oct. 2016
- 11 min de lecture
Hello hello mes crevettes !
Oula je reviens après presque deux semaines sans un mot. A vrai dire je n'y suis pour rien, c'est la faute au modem internet qui est capricieux et ne nous laisse pas suffisamment de débit pour que je puisse ne serait ce qu'ouvrir ma page d'accueil du blog.
J'écris néanmoins "à l'avance" pour ne pas perdre le rythme et surtout pour gagner du temps quand internet reviendra au débit normal.
Par quoi commencer donc ?
Ah je sais ! Notre petite sortie à l'Intercontinental Resort de Faa'a où nous avons siroté un mojito ananas face au coucher de soleil, avec piscine à débordement et groupe de musique local en live. Un pur plaisir !

A peine rentrés dans l’enceinte de l’Intercontinental
C'est très curieux de pouvoir entrer comme ça dans les hôtels sans même en être client, bon après ils se rattrapent sur le prix des consommations, c'est de bonne guerre. Il faut reconnaitre que le contexte est toujours splendide : piscine, lagon, cascades, bungalow sur pilotis, éclairage tamisé.




On s'offre un peu de luxe sans pour autant y dormir c'est chouette comme compromis ! En plus la vue sur Moorea est toujours un spectacle à part entière ! Et toute la mise en scène autour des villas fait rêver avec ses bassins de poissons multicolores, ses cocotiers, ses aménagements...

La pirogue traditionnelle d’ici : le Va’a

Vue aux premières loges sur Moorea


Bassin de poissons
Après avoir savouré ce cocktail aux couleurs locales direction la place Vaiete qui est une institution, car on y trouve les roulottes.
Qu'est ce que les roulottes me direz-vous ? Il s'agit de "food truck" mobiles qui une fois la nuit tombée, prennent place dans les stationnements attitrés pour proposer du fast food mais version cantine. Et la place Vaiete en est remplie tous les jours de la semaine, c'est là où est ce que les locaux et les touristes se côtoient le plus, autour d'un plat traditionnel, sur des chaises et des tables en plastique au napperon en cire. Pour notre part, on s'est laissés tenter par le tartare de poisson cru sur lit d'ananas, papaye et mangue, whaou !

A la tiédeur du soir
C'était super bon ! Après, il faut dire que le poisson est présenté à toutes les sauces ici, dans tous les restaurants ou petites bicoques de l'île, mais il est frais et bon. Et question portion il y a plus que la dose. Marie Laure nous disait que les tahitiens sont réputés pour ne pas spécialement manger sain, ceux qu'ils aiment c'est manger en quantité (on en a eu la preuve le soir où nous nous avons commandé pizza, il y en a eu pour 4 repas !), d'où leur corpulence bien portante.
Mais à coté de ça, beaucoup, malgré leur surpoids, font néanmoins du sport.
Ce qui me permet d'enchainer sur la sortie sportive que nous avons réalisée ce mardi 18 en compagnie d'Angelina, directrice de la compagnie Reva Trek, qui propose des sorties à la journée ou sur plusieurs jours. Marie Laure et Kader nous l'avaient fortement recommandée car ce ne sont pas de simples sorties guidées. Et on a bien fait de faire les Lavatubes avec elle.
De deux choses : 1/ ici la majorité des marches et autres sorties dans le terres se font forcément accompagnées d'un guide, car il n'y a aucune balise et signalétique sur les chemins de randonnées, il est donc très aisé de se perdre surtout dans une végétation dense et exotique.
2/ Les Lavatubes constituent l'une des 3 grandes sorties à ne pas manquer à Tahiti avec le Mont Aorai (que nous avons déjà fait) et Te Pari, une randonnée en front de mer sur la Presqu'Ile, que nous allons certainement faire aussi.
Ainsi donc, c'est comme ça que nous avons décidé de réserver pour une sortie hors des sentiers battus, qui a mêlé canyoning, randonnée et spéléologie.
Alors prêts à nous suivre dans les entrailles de la terre !?
C'est parti !
Réveillés mardi à 6h pour partir à 7h de la coloc, car nous avions plus d'un kilomètre et demi de descente à effectuer pour rejoindre le point de rendez-vous.

Le quartier où nous habitons

Il fait déjà jour depuis 2h pratiquement

Période d'abondance
Après plus de 30min de retard (il manquait quelqu'un du groupe), Angelina est arrivée avec son Range Rover, transportant d'ores et déjà dans la "remorque" 7 personnes avec qui nous allions passer la journée. Il nous a fallu plus d'une demi-heure pour rejoindre la route des Lavatubes. J’ai adoré la balade en 4x4 sur la ceinture principale qui fait le tour de l'île. Ca nous a permis d'avoir un premier contact avec l'île, autre que Papeete. Et ça a été une révélation, il n'y a pas franchement de grandes plages comme on l'imagine mais suffisamment de sable pour se reposer à l'ombre des cocotiers et observer la sublime couleur bleue du lagon. A savoir qu'ici le sable est noir, car d'origine volcanique (il est d'une finesse et d'une beauté whaou !). En plus la journée s'annonçait radieuse, j'étais super contente là face à l'océan, bercé par le 4x4, cheveux au vent à observer les villages que nous traversions, les gens sur le bord des routes et les pêcheurs affairés à leur tâche sur leur petite embarcation ou debout sur les rochers.
Nous avons atteint la servitude (c'est comme cela qu'ils appellent une petite route ici) qui menait à l'entrée du terrain privé qui permet de rejoindre les Lavatubes.


Les Lavatubes se méritent
Il a fallu faire 40min de montée écrasés les uns sur les autres, et secoués en raison du terrain escarpé. Arrivés sur les hauteurs, nous dominions l'océan et nous pouvions même observer la Presqu'Ile, resplendissante, entourée de son collier bleu turquoise. Apparemment, il est très rare de pourvoir l'observer dénudée de nuages, et nous avons eu cette chance.

La Presqu’île que nous verrons bientôt de plus près
Enfin arrivés, il était 10h passé. Nous étions un groupe de 13, plus Angelina la guide et un accompagnateur. Ca faisait pas mal de monde tout de même, et tout âge confondu. Nous étions certainement les plus jeunes parmi pas mal de jeunes mariés, d'autres couples plus âgés et de deux femmes d’une soixantaine d’années.

Le groupe au complet
Nous sommes descendus des 4X4 pour nous équiper : un Licra, une frontale et des méduses (vous savez ces chaussures en plastique pour aller dans l'eau, grosso modo les pénasonic quoi [terme familial]). La guide nous a conseillés de garder nos chaussettes avec, je ne vous dis pas la classe internationale que nous avions comme ça ! Bon au moins tout le monde était à la même enseigne.

Sexy, on est prêts pour la Fashion Week
On a pris nos sacs (laissé des affaires sèches dans les voitures) et nous avons commencé à marcher.
Pour que vous ayez une vision d'ensemble : nous allions visiter 3 tunnels, 3 lavatubes comme on les appelle ici. Il s'agit de tunnels de lave qui ont été creusés au fil des décennies par l'eau, et c'est cette rivière que nous allions remonter. A savoir, que ces lavatubes ne sont pas uniques au monde, néanmoins il n’en existe pas d’autres en Polynésie Française et sont restés à l'état naturel. L'intervention humaine y a été minime, seuls quelques cordes et équipements ont été ajoutés dans les tunnels et les cascades pour la sécurité des "explorateurs" comme nous.

Vue sur la vallée
La procession s'est mise en marche, il y avait 15min avant d'accéder à la première entrée qui est apparue comme par enchantement : un énorme trou noir, couvert de végétation, d'où coulait une rivière à l'eau translucide.

L'entrée du premier lavatube

Un coup d’œil en arrière
Pour ce premier tube aucun besoin de prendre la frontale, mesurant moins de 100m, on pouvait d'ores et déjà voir la sortie au loin. Nous dégoulinions à cause du soleil qui tapait déjà très fort pour une matinée. Une fois dans l'entre, il faisait tellement bon, ce courant d'air frais, apporté par l'ombre mais aussi par la rivière, c'était délectable !

Premier passage dans l'eau fraiche
Pas de difficultés particulières avec ce tunnel. Une fois sortis, on s'est retrouvés entourés de la fameuse plante invasive violette, bien que très décorative. Nous nous sommes mis en quête de remonter la rivière et ses bassins d'eau naturels. On a pris beaucoup de plaisir à se baigner dans ces vasques sorties de nulle part, d'un bleu turquoise incroyable, aux pieds de cascade de taille variable. Bon ok à certains endroits il y avait des amas d'algues vertes impressionnants !



On a repris la randonnée pour arriver à l'entrée du deuxième lavatube. Cette fois-ci il a fallu se hisser à la force de bras, sécurisé par un baudrier pour monter au dessus de la cascade. Un vrai bonheur ! Ca m'a rappelée l'escalade. Et nager dans l'eau fraiche des piscines naturelles c'est l'extase ! Ca fait rêver ces endroits, perdus au milieu de la forêt mais qui regorgent de perles comme celles-ci ! Il a fallu un peu de temps avant que tout le monde ne passe le passage technique.

Le passage en baudrier


En attendant que tout le monde soit passé



Du pur bonheur cette piscine !

Une fois en haut, la guide a demandé qui voulait sauter dans les gorges à 4-5m en dessous. J'étais tentée mais j'ai plutôt regardé en fait. Il n'y avait pas tant d'espace que ça pour sauter et j'avoue que ça m'a un peu dissuadée, mais il allait y avoir un deuxième saut un peu plus loin, je prévoyais donc de faire le second.

Possibilité de sauter juste entre les deux parois

Pour le deuxième lavatube nous avons mis nos frontales sur la tête afin de pouvoir progresser plus assurément.

Une fois dehors on a fait un petit arrêt culture générale, Angelina nous a parlé des différentes plantes qui nous entouraient dont l'herbe sacrée qu'ils utilisent pour faire les costumes de cérémonie mais aussi la cuisine, de la fameuse plante invasive, qu'ils essayent tant bien que mal de faire disparaitre à l'aide de champignons microscopiques car elle envahit toute l'île et du coup plus rien ne pousse. On a aussi gouté quelque chose de surprenant : en apparence ça ressemble à des orties comportant de micros fleurs bleues pâles qui ont le goût de cèpes ! Oui je vous assure j'ai gouté plusieurs fois, c'est en effet le goût du cèpe que l'on garde en bouche. Une petite merveille ces fleurs !

La plante sacrée
Angelina nous a aussi parlé du Mana, cette force spirituelle sacrée aux yeux des tahitiens, c'est comme l'esprit de la Terre Mère si vous préférez. Et beaucoup de personnes y croient. J'admire cette mentalité, cette connexion que les hommes ont avec la Nature, tout est dans le respect de la Mother Earth dont il faut prendre soin. Il faut reconnaître que les tahitiens sont très croyants (toutes religions confondues) et il ne faut pas rigoler avec tout ce qui est sacré. Je vous en dis davantage plus loin.
L'arrivée sur le 3ème lavatube a été féérique, on a aperçu un grand arche naturel complètement recouvert de plantes qui pendaient dans le vide, sous lequel nous sommes passés puis nous nous sommes retrouvés devant une grande piscine naturelle avec une cascade qui cachait à moitié l'entrée du dernier tunnel.

L'arche naturel


L'entrée du dernier lavatube
Ca c'était vraiment très beau ! Bon le petit souci avec nos photos est que nous avions mis l'appareil dans une pochette étanche pour éviter tout accident, du coup, les photos sont légèrement brumeuses, tout comme celles de la guide, mais bon c’est histoire de vous montrer un peu comment c’était.

Traversée du bassin
Il a fallu prendre nos sacs à bout de bras pour traverser la vasque, nous avions de l'eau au niveau de la poitrine, et grimpé dans l'entre obscure. Regarder dehors quand on est à l'intérieur donne une impression de tableau, surtout avec le cadre noir créé par la grotte et la lumière sur la cascade.


A alors débuté notre visite en mode spéléologie, frontale allumée et Licra sur les épaules car il commençait à faire très frais. On s’est engouffrés dans l’obscurité, l’eau ruisselant entre nous pieds, s’aidant de main courante par moment et grimpant à la corde lors de passages plus techniques.


On s’est retrouvés dans une grotte tapissée de lichens jaune fluo, qui couvert d’humidité ressemblait à de l’or pur, c’était magnifique comme impression ! La caverne d’Ali baba !

Vous voyez comment ça brille !?
On s’est arrêté un moment pour qu’Angelina nous conte certains faits historiques comme : lorsque les occidentaux ont débarqué, ils se sont retrouvés face au cannibalisme des tahitiens et surtout des marquisiens, chose à laquelle ils ne s’attendaient pas (moi non plus je n’aurais jamais imaginé !). Ils ont été convertis pour la plupart et cette part de leur histoire a été cachée pendant des décennies.
Elle nous a aussi fait savoir qu’à cette époque les Lavatubes étaient considérés comme sacrés, il était donc formellement interdit d’y accéder, car il y reposait les esprits, sous peine d'être sacrifiés. Aujourd’hui, on peut donc les visiter mais seulement accompagné car bon nombre d’incidents se sont produits dans les entrailles de la terre : des gens qui se sont perdus dans les galeries, d’autres qui n’avaient plus de lumière pour retrouver leur chemin et j’en passe…
Pause terminée, on a circulé dans les galeries pour enfin atteindre un énorme bassin souterrain dans lequel il était possible de sauter (dans le noir, juste ça !). Euh à vrai dire je me disais que j’allais faire le second mais là ça m’a encore plus découragée, et en définitif j’ai été bien bête car ça avait l’air fun. C’est Rémy qui ne s’est pas découragé, il a sauté au point le plus haut, au moins, il ne fait pas dans la demie mesure. Le bruit que ça a fait quand il a atterri dans l’eau, ça a raisonné partout dans les galeries. Apparemment l’eau était gelée ! D’autres s’y sont frottés mais ce n’était pas la cohue.

Rémy à 8m de haut prêt à sauter
On a poursuivi notre visite par plusieurs ouvertures sur la rivière souterraine puis on a retrouvé la lumière du jour pour pique-niquer. Il était 14h. On s’est installés à la sortie du tunnel, au pied du cours d’eau (où on a vu des anguilles vraiment immondes) pour manger un bout et parler entre aventuriers.



Retour vers la lumière

Nous allions désormais revenir aux voitures mais avant cela nous avions 1h de marche au milieu des bassins d’eau et de la forêt. Le temps était devenu couvert pendant que nous étions sous terre mais la chaleur restait. On a retrouvé la vue sur l’océan et le chemin par lequel nous étions arrivés.


Temps gris ...

Dans la cascade

Il a fallu se rincer car nous étions tout boueux, pas la peine de laver les chaussettes elles étaient irrécupérables. On a mis quelques affaires sèches avant de remonter dans le 4x4 pour le chemin su retour tandis que l’horizon commençait à rosir.
Quelle belle sortie ! Sportive et vraiment différente d’une randonnée « normale » j’ai envie de dire. Je ne regrette pas, c’était une très belle expérience et ça nous a permis de découvrir un peu le centre de l’île qui n’est accessible que par 4x4 d’ordinaire et encore ils ont fermé l’unique route qui traverse entièrement l’île dernièrement. Je ne pense pas qu’on le fera de toute manière, il y a plein d’autres jolies choses à voir en priorité.
A commencer par Moorea où nous allons mardi et mercredi. Je croies les doigts pour qu’il fasse beau mais ce n’est pas gagné pour le moment … On a réservé une nuit en AirBnB et un scooter pour pouvoir se déplacer.
Samedi après-midi, Marie Laure nous a d’ailleurs proposés de prendre sa voiture pour nous rendre à la plage avec la chienne. Oula je ne vous raconte pas le périple, c’est à 6 km à peine mais reprendre la voiture, du côté droit, manuelle et avec un pédalage capricieux, ça a été folklore ! Mais on est revenus entiers malgré le fait que j’ai calé 4 fois dont 3 en plein carrefour ! (rire). La reprise va être dure !
On a pu profiter de la plage de sable noire du Radisson (la plage juste devant l’hôtel du Pearl Beach Resort où nous étions allés boire un verre avec Marie Laure), qui est très étroite et assez pentue. Mais plus loin, la plage est toute plate car il s’agit du lagon, il n’y a donc aucune vague et l’eau est tellement tiède, c’est vraiment trop bon !


Rémy et sa copine Chira

Sable noir

Dans l'eau tiède du lagon
Mais ce n’est qu’un début, l’île regorge d’endroits où il fait bon de se baigner, on va découvrir ça rapidement.
J’ai commencé à travailler pour Marie Laure, je suis officiellement embauchée pour 1 mois et demi en tant que paysagiste concepteur. Rémy lui fait du jardinage et fin novembre nous irons deux semaines sur l’atoll qu’elle aménage pour faire de l’entretien et de l’arrosage. Le contexte est paradisiaque apparemment. J’ai hâte de voir ça !
Voici donc pour les nouvelles récentes, allez dans la galerie, je vous y mets quelques photos de notre quotidien.
Un prochain article devrait suivre la semaine prochaine, d’ici là, couvre vous bien (sourire), nous on crève de chaud !
Bisous
Nana
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