Encore un mont à ajouter à notre collection : Mont Aorai
- Alaïs Pénasson
- 13 oct. 2016
- 9 min de lecture
Allo la compagnie !
Deuxième semaine dans les îles, et première fois où je me sens vraiment en vacances. Oui jusqu’à présent ce sentiment ne m’avait pas effleurée mais là il faut reconnaitre que ne rien faire de particulier (à vrai dire on aurait de quoi être autonomes, on serait tout le temps dehors à vadrouiller, hors ce n’est pas le cas) hormis de la piscine et des recherches pour nos prochaines excursions, ça fait vraiment vacances.
PHOTO PISCINE
Je vais tout de même commencer à travailler avec Marie Laure sur un projet de complexe sportif, en faisant appel à mes connaissances en infographie. Ce qui est bien c’est que je n’aurai pas à rester en plein soleil pendant des heures, je pourrai faire ça à mon rythme et à la colocation.
On a programmé plusieurs sorties pour les semaines à venir : Les Lavatubes le 18, Moorea le 25-26 et Borabora (on a enfin réussi à avoir une place) le 4-5 novembre.
Mais avant de vivre tout ça, il faut que je vous raconte notre folle ascension du Mont Aorai de dimanche dernier, qui est le 3ème mont le plus haut de Tahiti !
Nous nous sommes levés à 5h15 pour être près à partir à 6h en compagnie de Kader et sa copine. On a très vite emprunté une route qui menait vers les montagnes pour enfin s’arrêter au bout d’un chemin donnant sur un restaurant panoramique appelé le Belvédère (qu’on nous avait recommandé). Il était déjà tôt et pourtant nous avons vu beaucoup de monde sur la route, mais personne au départ de la marche. Les tahitiens se lèvent et se couchent tôt pour profiter de la fraicheur matinale. En tout cas, nombreux sont ceux qui font leur sport de bonne heure.
Avant que je ne débute mon récit, je tiens à préciser deux choses : 1/ Kader est un arbitre de haut niveau (FIFA), autant dire qu’il est très sportif si ce n’est trop (un vrai fada !), 2/ Quand on nous a annoncé qu’on allait faire le mont en une journée, ça ne nous a pas plus inquiétés que ça, c’est plus lorsque les autres de la coloc nous ont regardés avec de gros yeux et nous ont dit « vous êtes fous ! normalement ça se fait en 2jours ! » qu’on a commencé à s’inquiéter.
Du coup dimanche matin 6h30, nous étions au départ du mont, à 600m d’altitude. On s’était clairement dit entre nous que si un couple allait plus vite que l’autre aucun problème on se retrouverait à la voiture à 16h. Mais je ne m’attendais pas à aller plus vite qu’eux surtout en sachant leur niveau.

Soleil du petit matin (il fait déjà jour à 5h30)
La marche allait s’organiser en 3 temps : la première partie qui mènerait à un premier refuge, une seconde partie pour rejoindre un second refuge et enfin la dernière partie pour accéder au pic. Généralement, les gens étale la randonnée sur deux jours et dorment une nuit dans un des refuges.
Nous avons débuté la marche côte à côte, le tout début s’est avéré très consommateur d’énergie, il y a eu 2-3 côtes bien raides pour nous mettre en jambe, j’en crachais déjà mes poumons ! On n’était pas rendus parti comme cela ! On n'avait pas fait de grosses randos depuis quelques temps maintenant.

Un magnifique paysage nous entourait
Mais on suivait toujours le couple. A vrai dire, on a été sur leurs talons tout le long de la randonnée, mais nous, nous nous arrêtions de temps à autre pour prendre des photos et boire, tandis qu’eux traçaient d’une traite (il avait déjà fait l’ascension deux semaines auparavant, cela étant un énième entrainement pour eux).
On est donc monté à notre rythme tout en étant à 100m d’eux tranquillement. La première partie s’est avérée plus plate par la suite, les pentes étaient moins abruptes et le paysage commençait à s’offrir à nous. Il ne faisait pas trop chaud encore à cette heure ci et on pouvait d’ores et déjà avoir un très beau point de vue sur Papeete et le littoral.

Une partie de Papeete


On aperçoit la barrière de corail en bleu turquoise et une passe
On a marché près d’un énorme précipice de 600m ! Quand je dis "près" je sais de quoi je parle, j’ai failli finir en bas, mon pied ayant glissé dans un trou. A vrai dire, le chemin était extrêmement étroit, à peine de quoi mettre ses pieds joints et à flanc de vide. Je devais me concentrer sur chaque pas pour ne pas déraper, moi qui suis facilement maladroite quand je marche (c’est tout un comble, j’ai un bon équilibre au yoga mais quand je marche ça part dans tous les sens).
La veille lors de la sortie baleines quand Nicolas m’avait montré où était le mont, j’avais tout de suite constaté ces énormes creux de chaque côté des crêtes et voilà que maintenant nous y marchions !
C’était très impressionnant et encore le pire restait à venir…

Ce que vous apercevait au soleil était similaire juste à nos pieds
Les terres montagneuses sont très vertes et très denses, j’ai été très impressionné par ces hectares et hectares de falaises couvertes de forêts exotiques. Il n’y a pas franchement de végétation similaire à la Nouvelle Zélande, c’est totalement différent, c’est bien plus exotique, on a même vu des orchidées sauvages et des fraises des bois ! (vous avez des photos dans la galerie)
La montée jusqu’au 1er refuge aura pratiquement duré plus de 2h. Et la fin aura été ponctuée par de nombreuses fougères arbustives et autres végétations très condensées qui à hauteur des épaules et des mollets, nous ont littéralement lacérés (j’ai toujours les marques au moment où j’écris). Il semblerait que la NZ nous ait mal habitués : on a toujours randonné sur des chemins très bien entretenus et aménagés, sans problèmes de sécurité. Là il y avait des trous partout sur le bord du micro chemin et des vides menaçants à tous les virages !
On a fait une pause avec le couple 2min avant qu’ils ne repartent sur les chapeaux de roue. Apparemment nous allions attaquer la partie technique de cette randonnée…
Et ça allait immédiatement donner le ton avec une avancée de funambule sur les crêtes escarpées ! (vous verrez davantage sur les photos du retour). Par contre le paysage était majestueux, cette verdure, le minuscule chemin au centre cadré par des petits arbustes et un énorme précipice de chaque côté, avec à la clé, des montées et des descentes praticables qu’en avançant à l’aide de cordes. On se serait cru sur une via ferrata, entourée de vide.

Le chemin se rétrécissait au fil de notre avancée
La grosse angoisse ! Chaque pas devait être bien exécuté et surtout surtout ne pas glisser au risque de finir la randonnée 1km plus bas… Oh le challenge ! Et la concentration que ça a demandée ! Mais franchement c’était plaisant entre adrénaline et liberté totale. Je vous laisse découvrir par vous-même les photos, elles parlent d’elles mêmes :

Le passage des crêtes étant passé, nous avons commencé à grimper très dur, de plus en plus dur, c’était très abrupte comme pente, et bien souvent il fallait se hisser à la force des bras en s’agrippant à des racines ou des branches d’arbustes pour envisager d’avancer. On a du passer de grands murs de terre et de roche en se tractant à l’aide de cordes installées sommairement. Un vrai parcours du combattant, Rémy a pris un malin plaisir à me filmer en train de me hisser comme je le pouvais à moitié penchée dans le vide.
Kader nous avait dit de mettre un pantalon long, j’avais opté pour le legging zèbre qui n’est pas resté blanc longtemps. Certains passages ont été extrêmement physiques et après 3h de marche intensive je commençais à sentir mes jambes s’affaiblir, elles tremblaient toutes seules…
Heureusement Rémy était là pour m’aider à avancer.

On a eu affaire à ce genre de passage tout au long de la deuxième partie

En regardant ce paysage, j’avais l’impression de me retrouver dans les reportages sur le Costa Rica ou le Brésil, je pense que c’est surtout dû à cette gigantesque forêt vierge qui s’étend sur toute l’île hormis les côtes.

En plus à un moment donné nous nous sommes égarés au niveau d’une rivière asséchée, nous avons pris le premier chemin visible qui menait à un mur de végétation, que Rémy a tenté de franchir pensant que c’était le chemin comme il y avait de pas. Sans résultat. Mais en revenant sur nos pas on a découvert une autre piste indiquée par des cairns. On a au moins perdu 15min mais une fois sur la piste, on entendait Kader au loin.
Je peux vous dire que ça m’a semblé long très long, heureusement que la vue sur l’océan et la barrière de corail permettait de nous distraire pour ne pas penser à la fatigue. A vrai dire j’avais dépassé depuis longtemps le stade « je suis définitivement crade et dégoulinante », j’étais plutôt dans la phase « tant mieux, c’est que je force ! ». On avait pris 4L pour 2, et tout est parti !

Le pic à 2066m de haut, la fin de la randonnée

C'est Rémy que l'on voit ici, parti en exploration
Et enfin peu avant 11h nous avons enfin atteint le 2ème refuge ! Il y avait même une grande table de pique nique placée face à l’océan pour profiter du panorama spectaculaire. Pour moi, on allait s’arrêter là, je voulais garder le peu d’énergie qui me restait pour redescendre. Si j’avais voulu oui je serais montée au pic à 40min de là (pourtant si proche vu comme ça), mais j’étais déjà très satisfaite, éreintée et heureuse de la superbe vue que nous avions. Rémy était aussi de mon avis.

On aperçoit la table de pique nique au centre, c'est moi le petit point blanc

On voyait Moorea à gauche

La barrière de corail

Et la baie où nous sommes allés nager avec les baleines la veille (Pointe de Vénus)
On s’est donc installés sur la table pour profiter de ce moment. Il faisait un peu frais en haut, on était pratiquement à 2000m tout de même (le pic atteignant 2066m). Mais le soleil a très vite tapé, et je mettais le plaid sur mes épaules non plus pour me couvrir du froid mais pour me protéger du soleil brulant.

Arrivée des nuages
Nous sommes restés là à observer la vue, on voyait très bien Moorea et son lagon bleu turquoise tout au fond, on apercevait la piste de l’aéroport de Tahiti et tout Papeete. Quelle vue mes amis mais quelle vue ! Je ne regrettais pas d’en avoir autant bavé pour monter, car ça valait vraiment le déplacement.

La terre était très foncée presque rouge à certains endroits

Nuages piégés sur les crêtes
Les nuages sont vite arrivés néanmoins et nous ont bloqués la vue sur le paysage. Et le pic n’en parlons pas il était totalement dans le brouillard, je me dis qu’on a bien fait de ne pas se lancer dans la montée, on n’aurait rien vu.

Perdu dans la végétation

Marcher dans les nuages qui cachent les grands précipices à gauche et à droite
Le soleil tapait extrêmement fort, j’avais l’impression d’avoir la peau qui fondait littéralement et pour cause j’avais les épaules rouge cramoisi … Je me suis donc protégée du mieux que je pouvais pour la descente sans pour autant trop me couvrir à cause de la chaleur. Heureusement on a traversé la couche de nuages qui nous protégeait un peu des rayons. Mais le mal était déjà fait.


Cette photo rend bien compte du vide latéral

La descente a été folklore ! Ca glissait énormément, on avait les jambes en coton et avec les nuages on ne voyait pas forcément très bien à certains endroits. Mais ça rajoutait vraiment une ambiance à cette randonnée déjà unique.

Passage périlleux

Quelle classe avec mon plaid !
On aura mis autant de temps pratiquement à descendre. Comme vous pouvez le voir sur le chronomètre nous avons atteint le 2ème refuge en 3h43 et sommes redescendus en 3h16.

Yaou ! Quel soulagement quand on a eu rejoint le Belvédère, nous étions tout brûlants. On a pu constater les dégâts, nous étions rouge vif sur le visage, les épaules et les mollets pour Rémy, ça allait piquer pour les jours suivants…
Nous avions plus d’1h30 devant nous avant que Kader et sa copine ne redescendent (eux étant allés jusqu’au pic), nous sommes donc allés nous installer au restaurant bar pour savourer une bonne boisson fraiche (rien d’exceptionnel) face à un super panorama sur le littoral. Enlever nos chaussures et rester à l’ombre, c’est ce qu’il nous fallait !

Un intérieur très contemporain (c'est un vrai arbre que l'on voit là)

Notre vue sur le lagon à siroter un jus frais
Une fois le couple de retour, nous sommes directement rentrés à la coloc. Un plongeon dans la piscine, diner et dodo ! J'avais la tête en feu ! Il faut vraiment qu'on soit vigilant ici avec le soleil.
Nous voici jeudi, les coups de soleil se sont transformés en bronzage pour moi, Rémy a l'inverse pèle énormément ! Mais on prend le soleil un petit peu chaque jour, juste en allant à la piscine.

L'eau est à 27-28°C tous les jours !
Le dimanche soir, on s'est fait un repas traditionnel tahitien avec toute la coloc : poisson cru au lait de coco, c'est trop bon !!!! Le poisson est coupé en dés et "cuit" au jus de citron avant d'être mélangé au reste.

L'énorme saladier commun
Voici donc pour le moment, comme je vous l'ai dit au début de l'article nous avons plusieurs sorties de prévues dans les semaines à venir, j'ai hâte, surtout qu'il fait beau !
Je vous laisse sur ce très beau coucher de soleil vue de la terrasse :

Je vous dis à très vite !
Nana (au revoir en tahitien)
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