Travaux paysagers à Pakawau

Rebonjour à tous,

Nouvel article pour nouveau sujet : notre vie en helpx#4 (si je compte Eketahuna comme un helpx, ce que je considère plus comme un séjour en famille d’adoption en réalité).

Que l’on reprenne tout depuis le début… Nous sommes arrivés le vendredi 5 aout en fin d’après-midi chez Maureen. Dès le lendemain nous nous sommes penchés sur la raison de notre venue.

Que je vous présente un peu notre hôte du moment : petite femme d’une cinquantaine d’années je dirais (je n’ai pas osé demander), cheveux poivre et sel à la garçonne, style un peu babacool, croyante (oui on a le droit au bénédicité à chaque repas) ne quitte jamais ses mitaines mauves, et toujours de bonne humeur, très expressive, parle très aisément, et ne s’arrête jamais ! Elle est constamment en mouvement ou en train de penser et organiser ! Elle fatiguerait n’importe qui juste à la regarder !

Voici Maureen !

La pièce de vie

Le studio à droite et la maison à gauche

Le coin été

Du coup elle a toujours mille projets en tête à réaliser et mille autres en train de prendre forme. Et c’est pour réaliser l’un de ces projets imaginé il y a déjà quelques années qu’elle nous a contactée en particulier.

En effet, grâce à la fonction « recherche » sur le site officiel de helpx, elle a pu entrer les mots clés « landscaping designers » pour nous trouver facilement en tête de liste car j’avais indiqué dans notre profil que nous étions paysagistes. Elle nous a alors envoyée un mail pour savoir si cela nous intéressait, et nous avons répondu favorable.

Voici donc comment nous avons atterri dans la Golden Bay.

La semaine s’est déroulée ainsi :

Samedi définition du projet : comprendre ce qu’elle attendait exactement de nous, savoir qu’elle était son idée initiale, et en combien de temps espérait-elle qu’on y arrive.

Maureen a fait de sa passion un métier, c’est une artiste en quelque sorte : elle tresse des flax (oui c’est grandes plantes que l’on croise partout depuis notre arrivée sur les terres kiwis) pour créer des tableaux, des compositions ou des paniers. Il s’agit d’un art traditionnel maori qui est sacré ici. Mais ça je vous en dirai davantage un peu plus loin dans l’article.

Marques page (qu'elle m'a offerte), je les adore

J'aime beaucoup le jaune-violet

Ces couleurs sont superbes !

Voici un koru, symbolisant la naissance

Du coup, qui dit artiste, dit galerie. Elle a transformé un ancien bâtiment près de sa maison en véritable galerie d’art où elle reçoit bon nombre de touristes durant l’été (apparemment il y a vraiment foule dans la région à cette saison). Ainsi, depuis la rénovation de ce bâtiment, elle espérait aménager une entrée accueillante en avant de son « studio » comme elle l’appelle. C’est là que nous intervenons.

On a réfléchi tous les trois à un certain type d’aménagement en cohérence avec son art. Elle avait d’ores et déjà envie d’avoir des traverses paysagères, de donner une nouvelle vie à un énorme "morceau" de bois, (très approprié selon moi) et des galets qu’elle avait au fond du jardin depuis plusieurs années qui n’attendaient qu’à être utilisés.

On a esquissé une ébauche sommaire qui ressemble à ça :

Une première idée du projet

Puis dès le samedi après-midi nous avons commencé installer du géotextile (qui empêche l’installation des mauvaises herbes normalement), créer des fondations et à déplacer l’énorme « poutre » en bois, qui servirait de marche juste au seuil du studio. Une magnifique pièce restait cachée au bout du jardin depuis longtemps. Très rustique et dense à la fois, avec en avant des rainures vraiment belles. Une pièce unique et authentique j’ai envie de dire. Quelle bonne idée que de la mettre en valeur ainsi.

1/ retirer la couche de gazon

2/ faire le niveau et les fondation pour l'installation de la marche en bois

Puis on a du aller chercher les centaines de galets derrières la verrière restaient aux intempéries depuis des lustres et les laver avant de les installer en avant du studio. Nous avons juste débuté cette tâche en fin d’après-midi.

N’ayant pas les traverses paysagères, Maureen a du les commander à un professionnel qui prévoyait de ne les livrer que mardi (étant en zone reculée…). Du coup, Maureen, très flexible côté emploi du temps nous a proposés de partir en excursion le dimanche et le lundi. Ca nous arrangeait bien vue la météo de folie qui était prévu. Ainsi donc visite de Farewell Spit, Cap Farewell et Wharariki Beach (inoubliable), puis le mardi nous nous remettions au travail.

Bouger ces centaines de galets et les laver nous a pratiquement pris toute la journée, il y en avait tellement ! On a coupé et rangé du bois, et fait deux bricoles. Et les traverses tant espérées ne sont jamais arrivées… Cela a été repoussé à jeudi vers midi.

Encore une fois : excursion dans le parc d’Abel Tasman avec un temps radieux. Parfait !

Ainsi donc tout s’est joué jeudi. Le matin en attendant la livraison nous avons effectué quelques petits travaux en attente que Maureen souhaitait vraiment finaliser depuis longtemps : installer un nouvel étendoir, tondre la pelouse, rabattre des arbustes…

Et enfin après le lunch, les traverses sont arrivées. Punaise que c’est lourd ! Et elles ont du vécu les petites ça se voit. J’aime beaucoup leur couleur noirâtre, ça s’associe extrêmement bien avec la couleur verte du studio. Ca fait rustique mais moderne à la fois.

Ainsi donc nous avons passé tout notre après-midi à faire les niveaux (sommairement on va dire) des traverses, les fixer entre elles, étaler les galets sur la zone centrale, planter les flax (Maureen tenait énormément à ce qu’elles trônent à l’entrée) et faire les finitions… Nous avons eu fini, la nuit était déjà là.

Voici chronologiquement ce qui a été effectué :

3/ placer les galets au centre en attendant les traverses

4/ centrer les traverses et faire les niveaux

5/ fixation, bien que vue le poids elles ne bougeront jamais !

6/ plantation des flax et graminées en relation avec ses créations artistiques

Résultat final : je trouve que ça en jette ! On a rencontré quelques problèmes de logistique et d’installation mais pas de panique face à l’imprévu, il y a toujours une solution ! Comme dit Maureen ce ne sont pas des problèmes mais des challenges à relever.

Et voici une jolie entrée pour inviter les touristes à la haute saison

En tout cas, il ne reste plus qu’à remplir les « bacs » sur les côtés avec du paillis ou des écorces de bois, Maureen verra ça une fois de retour de son voyage aux Fidji. Elle est tombée en amour avec les travaux réalisés, elle nous a fait mille compliments et remercier chaleureusement à maintes reprises. Mais j’avoue que moi aussi j’adore le rendu !!! Je suis super contente de ce qu’on a fait et qu’elle en soit autant ravie. Nickel ! Good job ! On a travaillé en « working bee » ce qu’on appelle, c'est-à-dire en travail d’équipe comme dans une ruche. Du coup c’était tellement plus agréable que travailler tous les deux tous seuls dans notre coin.

Voilà ! On a bien fait de venir donc, ça fait une personne de plus heureuse de son jardin, cool !

Et pour couronner le tout, jeudi soir donc, après un super diner, on a fait atelier « weaving session », tressage de flax autrement dit. Maureen nous a expliqué le processus pour préparer les flax avant de commencer à les découper. Ca se fend très facilement et tout droit sans problème.

Puis il faut les rendre plus souples, pour cela on fait la méthode des rubans qu’on pose sur les papiers cadeaux à Noël, en utilisant un couteau. Simple. Pendant que nous nous attelions à faire ça avec Rémy, on a même eu le droit à deux morceaux de guitare, avec les paroles en anglais bien sur (orienté religieux mais ça c’est un détail, Rémy commence à s’habituer, enfin peut être pas totalement, à entendre parler du Christ en permanence ahah).

On a alors fait la base d’un panier en flax en croisant les différents « lanières » de flax comme ceci :

Les pinces à linge bien pratiques

Puis on tresse les angles :

Et enfin on fait le contour :

Pour finir avec la petite hanse aussi en flax. C’est toute une technique. Mais c’est dur à expliquer par écrit je reconnais, les photos sont peut être plus parlante je pense.

Et pour la finition, on utilise comme un peigne en fer pour fendre la feuille, ce qui créé des petites franges décoratives.

Elle nous a aussi montré comment réaliser une « rose ». Mais elle fait tellement de choses il y en a partout dans la maison ! Elle en teinte même certain, j’adore d’ailleurs les couleurs violet et bleu qu’elle utilise.

Tada, et un petit panier

Voici le résultat final

Ce qui a été intéressant aussi c’est qu’elle nous a expliqué toute la portée spirituelle de cet art maori. Il y a beaucoup de traditions et de croyances autour de cet art, comme le fait de remettre au pied de la flax vivante, les chutes de feuille provenant de la même plante mais non utilisées. On peut vraiment dire maintenant qu’on a été baignés au cœur de la culture maorie entre le hangi, la visite de la marae (qui apparemment est un grand privilège, pas accordé à tout le monde, surtout quand on n’est pas de la culture et du pays comme nous) et maintenant l’apprentissage du tressage. C’est tellement mieux d’être en immersion totale, on ne passe pas pour le touriste de base qui vient quelque part et repart chez lui avec des souvenirs sans s’être plongé dans la culture du pays (je ne critique pas, je constate juste).

En tout cas encore une belle découverte.

Et après plusieurs fous rires et longues conversations tout en tressant, on a même terminé cet atelier vers minuit en savourant une tranche de pain frais maison encore tout chaud, car sortant du four. Oui carrément un petit déjeuner de minuit !!! Trop cool, je n’avais encore jamais fait !

Ca me fait penser que tous les matins, nous avons nos petits rituels : je prépare le petit déjeuner, Maureen s’occupe du feu, on sert le porridge tout fraichement préparé, le pain toasté en direct et on met la table. C’est trop drôle car il y a au moins 10 petites cuillères sur la table ! Même à 5 à la maison on ne sort pas autant de couverts : une cuillère pour le sucre, la confiture, le porridge, le yaourt… enfin pour chaque chose, c’est très drôle je trouve. Tout comme d’attendre qu’elle est faite la prière à voix haute avant de manger. On a même eu le bénédicité en chantant ce matin !

Porridge à la banane, oui l'aspect est pas terrible mais c'est très bon !

C’est ça s’adapter aussi.

Ainsi donc, nous partons lundi matin en même temps qu’elle car elle a son avion très tôt à Nelson. Encore une belle rencontre, inattendue et qui encore une fois nous a permise de mieux s’immerger dans la vie quotidienne des habitants de ce pays. Tout va donc pour le mieux, nous reprenons la route et normalement plus d’arrêts helpx, quoique… on ne sait jamais ce qui peut se passer, entre ce qu’on attend et ce qui se produit réellement…

C’est ça la magie du voyage !

Je vous dis à bientôt mes pious

Cheers

En bonus quelques photos de notre sortie à Farewell Spit (encore) de samedi matin :