Maori hangi party
- Alaïs Pénasson
- 25 avr. 2016
- 6 min de lecture
Ce dimanche ça a été « hangi party » ! Le fameux hangi que j’attends de gouter depuis le début de notre séjour.
C’est lors de mes recherches sur la NZ que je suis tombée sur ce mode de cuisson traditionnel (cuisson à l’étouffer) que les gens du Pacifique utilisent pour cuire leurs aliments. Le hangi étant maori, il a sa particularité qui le distingue des autres. Comme cela demande beaucoup de travail, ce n’est pas tous les weekends que l’on en organise un, généralement, c’est lors des fêtes de fin d’année que toute la famille se retrouve autour d’un hangi.
J’avais dit à Michelle qu’on n’avait pas voulu faire les soirées (très) folklores maories à Rotorua car ça sonnait faux et que ce n’était vraiment pas donné pour ce que c’était. C’est alors qu’elle m’a dit « attends inquiète toi dont pas, tu vas voir, Quinn va te faire ça, un vrai hangi fait par un vrai kiwi ». A la bonne heure, que demander de plus, si c’est pas beau ça ! C’est vraiment une chance énorme de pouvoir découvrir la culture du pays avec des locaux et non dans les lieux attrapes touristes qui vous vendent du vent.
J’étais très touchée donc qu’ils organisent ça si je puis dire en notre honneur.
J’avais une idée assez simpliste de l’affaire mais il s’avère que c’est bien plus complexe que creuser un simple trou et y faire du feu.
Les préparatifs ont commencé samedi après-midi. Quinn et Rémy ont creusé le trou qui sert de « four » au hangi. Mesurant à peut près 1m sur 0.60m, il n’était pas plus profond que 0.60m. Les garçons ont mis de côté la terre du trou qui sera ensuite utilisée par la suite.

On a fait le hangi au fond du jardin à l'école

Petit coup des mains des filles
A été déposé en premier lieu dans le trou du journal, puis des petites branches, du petit bois et enfin des rondins de bois entre lesquels des pierres volcaniques (légères) ont été placées. Le résultat donnait l’impression d’une tour de bois.


Quinn a même rééquilibré la tour en coupant certains tronc
Ils l’ont recouvert d’une bâche, de la pluie étant annoncée pour le lendemain (oh non !!).
Nous nous sommes couchés relativement tôt sachant que Quinn arriverait aux aurores pour allumer le feu.
La nuit a été pluvieuse et énormément venteuse, j’en ai pratiquement pas dormi. Ce n’est que peu de temps après être arrivée à me rendormir que j’ai été réveillée par une énorme explosion ! J’ai vite mis mon manteau et je suis sortie dehors. Quinn venait d’allumer le bucher à l’aide de fuel (d’où l’explosion).

Il faisait encore nuit
Il était à peine 5h30 du matin, il s’éclairait à l’aide des phares de son 4x4. Je peux vous dire qu’on apercevait très bien le foyer de la mezzanine de l’école. Et rester près du feu demandait beaucoup d’effort tellement la chaleur était intense. Il a alors recommencé à pleuvoir, Quinn est rentré prendre une tasse de café avec nous en attendant que ça passe.



Rémy, Prince des Flammes, chargé du feu en début de matinée
La première étape étant que tout l’énorme foyer se consume, il a fallu attendre presque 4h avant de pouvoir sortir les braises du trou et mettre les pierres volcaniques de coté.

Apparemment la chaleur était insoutenable au moment de tout sortir
Nous avions au préalable placé dans des paniers en fer des feuilles de choux sur lesquelles on est venus déposer les morceaux de viandes (poulets farcis, dinde, cochon, cerf, agneau, sanglier : un mixte incroyable !) et les légumes (citrouille, kumara autrement dit patates douces, pommes de terre) placés dans des sacs en toile. Deux boites de conserves ont-elles aussi fait partie du voyage, contenant une mixture qui deviendrait après cuisson du pudding.

Tapissage des paniers

Remplissage

Ce n'est pas la corne mais le panier d'abondance !
A noter qu’ici le pudding est un terme général qui désigne tout type de dessert, rien à voir avec le pudding britannique donc.
Je n’étais pas présente lors de la fermeture du hangi, j’étais en conversation vidéo avec mes parents et mon parrain et ma marraine, du coup c’est Rémy qui a fait le reportage photo et qui m’a expliquée la méthode. Pour que le hangi soit réussi, il faut absolument qu’il soit fermé hermétiquement, qu’aucune fumée ne s’échappe sinon c’est mauvais signe.
Pour la méthode :
Ils ont tout d’abord déposé les pierres volcaniques, puis ajoutés les paniers remplis de nourriture. Ce après quoi, ils sont venus déposer des couvertures en coton qui avaient baigné dans l’eau toute la nuit, puis une toile de jute et enfin deux bâches en plastiques une noire et une blanche. Ils ont fermé le trou en disposant le fameux tas de terre tout autour de la bâche blanche pour bien que ça soit hermétique donc.


(ça je triche c'est une photo de l'ouverture et non de la fermeture)


Quelques bières plus tard, c'est-à-dire, plus de 3h après, quand tous les invités ont eu fini d’arriver, il a été temps de passer à l’ouverture du hangi.On pouvait sentir l’odeur des légumes cuits se dégager un peu du trou.
A savoir que le résultat n’est jamais sûr, c’est la surprise, si le hangi a été bien fait, les aliments seront cuits à l’inverse, on peut se retrouver avec des aliments crus ! Du coup petit coup de stress, est ce que ça va le faire ou non ?! Il y avait bien presque une trentaine de personnes dans l’attente de ce grand moment.
Les hommes ont commencé à retirer les couches successivement, l’odeur de fumé se faisait de plus en plus intense. Les deux paniers ont été sortis et mis sur une table en bois. Tous ces morceaux de viandes punaise ! Juste à la couleur on savait que c’était parfait !


On a alors dissocié la viande des os, c’était chaud ! qu’on plaçait ensuite dans des plats en aluminium pour garder au chaud. Les légumes on été sortis des sacs en même temps. Le chou était carbonisé mais c’était son rôle premier. La cousine de Quinn nous a fait déguster en premier les différentes viandes, c’était un grand privilège.



Je ne peux pas décrire à quel point la viande était tout simplement majestueuse ! D’un fondant incroyable, on sentait que la cuisson avait été lente et à « petit feu ». Les légumes qu’en a eux avaient le goût de fumé très prononcé.
Il s’est mis à pleuvoir à ce moment là, on a tout amené sous l’avancée de toit sur une grande table. Un magnifique buffet pour tout ce petit monde.

Un peu à l'américaine
La maman de Quinn ainsi que quelques neveux ont récité une prière en maori avant que les enfants ne commencent à se servir.
Ca avait un air de repas de famille comme lors des mariages ou baptêmes. Chacun venait se servir sur la grande table où trônaient tous les plats, la salade, et la confiture de cranberries. J’avoue que j’ai fais ma petite française en préférant la moutarde à la confiture mais ici c’est indissociable viande et confiture ils en raffolent !
Et en dessert, ça a été gâteau à la crème (très américain aussi je dirais), glace, tarte Bourdaloue (que j’ai faite) et pudding du hangi. Au départ j’étais sceptique, je n’étais pas franchement attirée alors que tout le monde se précipitait dessus, j’ai tout de même gouté. OMG ! Mais c’est trop bon !!! Le gâteau était encore tout tiède ce qui faisait ressortir les notes épicées. J’ai adoré !
Enfin bon, vous voyez le tableau, c’est comme chez nous, ces longs repas qui s’éternisent où on mange et boit beaucoup, où l’on retrouve de vieilles connaissances et qu’on parle à en avoir soif. Ces grands repas qu’on adore en fait.

En plus le soleil était de sorti, on a pu en profiter tout l’après-midi. Quinn avait d’ailleurs allumé un feu de camp juste devant la terrasse autour duquel on est restés jusqu’à tard le soir, une fois la nuit tombée et les étoiles de sorties. Même la semie pleine lune était au rendez-vous. Quel plaisir !!!
On a fait un concours de marshmallowl autour du feu. C'était trop drôle car les enfants les adore carbonisés !


Autour du feu en début de soirée
On a discuté avec quelques personnes qui toutes réagissaient de la même manière quand on leur annonçait qu’on était français et là pour pratiquement un an : ils étaient fiers qu’on vienne visiter leur pays et qu’on partage ça avec eux, qu’il faut continuer à profiter de notre jeunesse et faire un maximum de choses. Ca fait super plaisir !
Je suis extrêmement contente, vraiment, on est en compagnie de gens merveilleux qui nous font découvrir leur mode de vie et leur culture, entourés d’un paysage dont je ne peux me lasser, c’est vraiment une aventure de fou. Et pour rien au monde je ne regretterai d’avoir pris la décision de partir pour un an à l’étranger.
J’espère que tout ceci vous a mis l’eau à la bouche, maintenant qu’on connait la méthode pour le hangi y’a plus qu’à essayer de faire ça en France à notre retour, qu’est ce que vous en dites !?
Je vous embrasse tous très fort, bise mes loulous !
Comments